Septembre : la sève des arbres descend vers les racines en prévision de l’hiver. Lente inspiration de la Terre.

Les saules bourdonnent de centaines de guêpes et d’abeilles sauvages, à l’oeuvre du matin au soir : de branches en feuilles elles récoltent le miellat sucré produit par les pucerons agglutinés sur les rameaux et attirés par la sève de saule gorgée du soleil de l’été.

La Mamma, un saule blanc centenaire, allonge un tronc-fils penché au-dessus de la rivière. Avec la fin de l’été apparaissent ça et là des gouttes de sève qui suintent à travers l’écorce de ce tronc à l’horizontale.

Chaque matin, je butine à la brindille le liquide, parfumé comme un encens léger ; chaque goutte de sève a une teinte différente, certaines sont fluides, d’autres plus visqueuses. Le dessin s’arrête lorsque toutes les gouttes du jour sont asséchées. Pendant la nuit des perles ambrées se reforment ; je reprends le butinage au petit matin.