Poncer l’arbre : répéter le geste pendant des heures des jours au fil de la saison. La durée prend forme, devient visible.

Ma présence régulière dans l’arbre suscite de nombreux échanges avec les gens qui traversent le parc. Un chercheur de trésor, une cueilleuse d’orties, un arracheur de plantes invasives, un poète planteur de marronniers… Je présente mon travail. Et invite chacun à participer s’il le souhaite à Poncer l’arbre. Et penser l’arbre…

Le sureau noir (Sambucus nigra) est un arbuste commun des zones naturelles ordinaires. Au bout d’une cinquantaine d’années sa vitalité s’étiole et il entre en sénescence : le processus de feuillaison s’amoindrit puis finit par cesser.

Mais le sureau a la particularité, une fois mort, de conserver ses branches et ses rameaux ; l’arbuste devient sculpture, plantée in situ, soulignée par l’action de Poncer l’arbre.

Les troncs et branches desséchés perdent leur écorce et laissent apparaître l’aubier, de couleur très claire. Jour après jour et à la main, la surface de l’aubier est poncée astiquée polie pour accentuer sa teinte ivoire et rendre le toucher lisse et doux ; les lambeaux d’écorce qui subsistent ça et là sont soigneusement laissés en place.

Mis à nu, les troncs et branches charpentières révèlent le mouvement de vrille qui anime la croissance de l’arbre.